Un rêve d’enfant, une formation d’éducatrice, un déclic, et la confiance en la vie ont changé sa perception du quotidien et de la vie professionnelle.
Bienvenue Katy, tu nous viens de Belgique. Raconte-nous ton parcours.
A 19 ans, je suis partie pour Los Angeles dans le but d’apprendre l’anglais. Puis, je me suis lancée dans des formations équivalentes à une licence en France pour devenir professeure de français-langues étrangères ou anglais-néerlandais. J’aimais enseigner la matière, mais nettement moins préparer les leçons… je n’avais plus d’idées, et en me faisant aider pour ma réorientation, j’ai fait des stages en musées que j’ai appréciés, je me suis alors lancée dans une formation de tourisme.
Le schéma scolaire ne me convenait pas. Je me cherchais professionnellement : j’avais toujours rêvé d’être actrice, mais ne pas pouvoir poursuivre mon rêve, considéré trop incertain par ma famille, me bloquait dans ma scolarité. J’avais envie d’en sortir.
J’ai ensuite travaillé comme accompagnante dans les cars d’enfants à besoins spécifiques, en me lançant dans une école d’éducatrice spécialisée en cours du soir. Je m’y suis engagée pour avoir un diplôme et trouver du travail. Mais j’ai eu la grande surprise d’adorer la formation.
J’y ai découvert le mythe de Sisyphe, condamné par les dieux à rouler sans cesse un rocher jusqu’au sommet d’une montagne d’où la pierre retombait par son propre poids. Ce mythe qui parle de l’absurdité fut un déclic pour moi.
C’est quoi ce déclic ?
En entendant ce mythe, je me suis dit : Pourquoi on va à l’école ? Pourquoi on travaille ? Pour profiter seulement une fois qu’on est à la retraite, et le même schéma recommence encore et encore…. ? Mais non, moi je ne veux faire pas faire partie de ces personnes car ce schéma ne me convient pas, me fait peur, et m’enferme…
Alors je me suis demandée : Qu’est-ce que j’aime vraiment ? Qu’est-ce que je veux faire ?
La réponse fut claire et spontanée : le voyage, le tournage, la comédie… retour à mon rêve d’enfance. Pourtant, je n’avais plus envie de me lancer dans une autre formation pour tenter de le concrétiser.
Les études d’éducatrice m’ont permis d’apprendre beaucoup sur moi-même, de m’apporter un bien-être, de me remettre en question, comprendre le mécanisme du mental, du corps… et une fois le diplôme en poche, je suis partie très rapidement pour le Canada (avec le visa vacances travail) pour faire de la figuration, avec d’ailleurs tout le soutien de mes profs dans ce projet.
Comment s’est passée ton expérience canadienne ?
Il y a eu les voyages, les rencontres, les découvertes, pendant 8 mois. J’ai réalisé que là-bas même quand je travaillais 40h semaine, j’arrivais à mêler ma vie pro et ma vie privée en ayant beaucoup de temps pour moi malgré tout, ce que je n’ai pas ressenti en Belgique, en France ou en Allemagne. Cette liberté s’explique par le fait qu’au Canada, tout vit 24/24, ce qui laisse du temps pour profiter une fois sortie du travail.
On peut aussi changer de job beaucoup plus facilement. Il y a une grande flexibilité : j’aime cette vie professionnelle plus simple, où l’on peut ne pas chercher à se poser, ou s’engager à long terme, faire une mobilité quand on aspire à un autre job. J’ai ainsi fait nounou dans une famille, j’y ai fait des parallèles avec ma formation d’éducatrice et la méthode Montessori utilisée par les canadiens.
J’ai aussi été agent de réservation dans une auberge de jeunesse, puis vendeuse dans un magasin de maternité (sans expérience)… Au canada, on nous donne vraiment notre chance… le diplôme et les qualifications n’ont pas tant d’importance, c’est la motivation et la maîtrise de la langue qui priment… ce qui permet de se faire de l’expérience, et ce n’est pas négligeable.
Qu’est-ce que ce visa t’a apporté ?
« Les voyages forment la jeunesse »… mais pas que la jeunesse. Dès l’instant où l’on part un mois au moins, on voit le voyage autrement que des vacances…
Je suis partie dans cet état d’esprit : partir, sans idée précise de ce que j’allais voir, me laisser porter par la spontanéité, ne pas programmer.
Avant je me mettais la pression, j’étais un peu rigide dans ma façon de me projeter… maintenant, je peux beaucoup plus facilement prendre la vie comme elle vient. Je ne m’oblige plus à faire ce que je n’aime pas. Je fais beaucoup plus attention à moi-même, je m’écoute, j’essaie de ne plus faire les choses parce qu’ « il faut les faire »… Je cherche à bien vivre, et non survivre ! Je suis moins casanière, plus ouverte sur l’environnement qui m’entoure, et les opportunités que la vie m’amène.
Au Canada, j’ai participé à des ateliers d’écriture, organisé des événements pour aider les nouveaux arrivants. J’ai réalisé aussi que j’aimais beaucoup le service client grâce à mon job en auberge de jeunesse. Et surtout… et toujours… le tournage et la figuration.
C’est ce visa qui m’a permis de toucher du doigt mon plus grand rêve de cinéma. J’ai fait quelques figurations dans des séries américaines, comme un premier pas réalisé.
Où en es-tu dans tes projets ?
J’ai dû rentrer en Belgique mais je prépare mon nouveau départ au Canada. J’ai aussi envie de continuer à aller travailler dans d’autres pays pour découvrir leur fonctionnement.
Mais le Canada est si agréable pour son grand accueil, on s’y sent bien très vite… on ne s’y sent pas jugés. Par exemple, on fait la file en respectant l’ordre d’arrivée des personnes pour monter dans le bus… Un détail qui en dit long sur la culture. Il n’y a pas de jugement, mais beaucoup de respect.
Depuis mon retour en Belgique, j’ai développé une nouvelle curiosité pour mon pays, j’ai plus envie de le visiter, comme pour revivre la curiosité de touriste éveillée au Canada. Je suis en recherche d’emploi en parallèle pour couvrir mes dépenses quotidiennes.
J’envisage un nouveau départ début 2021 : aller récolter le sirop d’érable, voir le festival du film à Toronto, rejoindre Vancouver pour les projets artistiques ou tenter d’ouvrir les portes des théâtres à Montréal.
Je ne sais pas combien de temps j’y resterai mais je sais que j’ai encore à découvrir dans la culture canadienne et qu’il serait possible de vivre pleinement de la figuration à Vancouver. Je compte bien tenter des castings aussi pour voir comment mon jeu est perçu.
Quelques mots pour finir ?
Ce voyage m’a apporté une véritable fierté, un sentiment intense d’accomplissement. Je ne suis pas actrice, mais je n’aurais jamais imaginé pouvoir faire de la figuration un jour, alors pourquoi pas plus après tout ?